mardi 31 mars 2009

Terre



















Je suis la terre
Qui remonte
Sur les seins

Le reflux de la peau
L'inexorable falaise
Qui s'affaisse

Je suis la craie
Du désir sec
Mécanique et froid

Je cueille la nuit
Comme l'ivresse
De mon sommeil

Je note les rides
La grêle et la mort
Noires qui m'assaillent

Je fuis l'ombre
Portée du creux
De mon poids

L'encre blanche
Des lèvres invisibles
Et des paupières de sable

Suis-je une lame
Qui ne veut pas donner
Ce qu'elle n'a pas ?

Je suis la terre
Qui m'obèse
Et m'enserre

lundi 16 mars 2009

Il y a

Pour A. B. die es nicht weiß


Qui de nous deux inventa l’autre ?
P. Éluard, Au défaut du silence



L’ourlet du regard
La blancheur fine
De la lèvre qui scintille

La fuite éperdue
De mes doigts sur les cils
Invisibles de la peau

La douleur
De la menthe froide
Sur les joues pourpres

La faim
De votre voix
Sur mon sein

Et l’abandon
De votre absence
Entre mes mains


22-23 octobre 2008


Scissor Sisters
It Can’t Come Quickly Enough

vendredi 13 mars 2009

le corps du délit

Étonnante, cette mémoire du corps, ce miroir vivant de ce que je suis toujours en train d’être. Deux conversations récentes et une ire sépulcrale m’ont soudainement ramené à la matérialité de mon être-devenir. Le corps exprime en son ordre et parfois avec un peu de décalage, la plainte professée dans l’oubli de l’air sur un ton de grand seigneur, vitupérant une méchanceté que je voulais infinie. Il me tord, me contracte et me plisse, comme un nœud qui se noue et se renoue encore. Les seuls mots que l’on trouve pour dire le mal sont ceux, de la langue maternelle, l’arkhè qui nous sédimente et nous organise du fuscum subnigrum de notre temps et de notre chair. C’est la même chose que le corps enfantin qui, en passe de redresser sa posture, pour atteindre la bipédie, « régresse » sous le coup de l’affection ou de la maladie. Comme si, tout à coup, le corps s’intensifie, s’ontologise pour se réassurer de son intégralité fissurée, se contracte sur une brèche et ploie de toute sa gravité.
Soudain, je réalise que mon corps a une histoire, un mouvement et un savoir. Qu’il est une promesse de désespoir

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lundi 9 mars 2009

Angle

Il y a ce visage
Dans ma tête
Des bribes,
Un profil
Les fragments
D’un savoir plus ancien
Une mâchoire qui s’anime
Une oreille découverte
Un cou avide
Auquel se jettent
Mes souvenirs

L’angle de sa peau
Forme une étrange lame
Qui s’échappe de mes doigts

Et toujours je reviens
Au triangle latéral
De son regard
À la vasque de chair
Qui marque
Le double sceau
Revêtu de la tresse sur laquelle
S’écorchent mes doigts
Où gît la sève
De la caresse

Et toujours je mange
D’un œil oblique
Les ténèbres éternelles
De ses doigts compliqués

Toujours me hantent
L’étendue du désastre
Et la voix du grand animal

8-9 mars 2009



samedi 7 mars 2009

beau livre

Now playing: This Mortal Coil - Acid, Bitter & Sad
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Un livre c'est aussi, un bel objet

Les références et un résumé


Un extrait

L’auteur

mercredi 4 mars 2009

?


Peut-être que je change. Je n'arrive plus trop à écrire ni à parler, tellement j'ai l'impression de ressasser. Ce ne doit pas être une impression, juste sentir qu'on arrive à la moelle et qu'après, c'est le néant. « Ce dont on ne peut parler, il faut le taire » concluait le Tractatus de Wittgenstein. Bref, je n'y arrive plus et je commence à me suffoquer comme je/j'ai suffoque/é les autres. C'est fini mais je n'arrive pas à partir, parce que je ne sais pas pourquoi c'est fini. Quand il n'y a plus de sens, un début et pas de fin, il vaut mieux la poser. Mais le point final, quand il faut le poser, je défaille, j'hésite. Cela m'embête la ténuité de ce qui me retient à la vie, cet espèce de fil qui m'empêche de trouver le repos, la fin de l'inquiétude, du mouvement, de l'angoisse, ce fil dont je n'arrive pas à faire un garrot, définitif. A l'usure, j'y arriverai peut-être. C'est la fable du loup, quand cela arrive, personne n'y croit et c'est trop tard.

mardi 3 mars 2009

*-/+

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Heights Of Abraham - Eva