mardi 15 décembre 2009

divagation

Je pense en morse, comme un iceberg, flottant dans les mers irréelles d’iroise grandeur.
Je suis sec ou trop humide peut-être pour décoller mes yeux des paupières de la brise qui m’assiège.
Je cligne des mains et de la tête, comme un phasme sans lumière.
Je mange tout ce que je peux pour m’évider.
Je transite, la bouche aveugle, les yeux muets, la main fausse.
Je suis une écriture automatique.
J’essuie.


mardi 8 décembre 2009

rimoir


rimoir, mon beau rimoir

vendredi 27 novembre 2009

true Faith



le trottoir est noir,
comme les yeux de la pluie

mardi 24 novembre 2009

griffure


Blessure
Trait qui rougeoie
Sur une peau de craie
Respire comme une soie
Brille une douce fraie

Césure
La langue rêche
D’une ride de sang
Le défilé d’une mèche
Qui s’éteint sur une dent

Biffure
Chemin des ratures
Comme autant de traces
Cimetière des pelures
Comme autant de brasses

Ouverture
C’est le pain
De ma main
La fragile brèche
Qui m’assèche

25 X-7 XII 2007/5-17 III 2008


dimanche 22 novembre 2009

samedi 14 novembre 2009

mercredi 4 novembre 2009

Mutisme

Mu par l’autisme

mercredi 21 octobre 2009

Chocolat

Mais les eaux brunes du regard
Où dort le bruit de la mer
La terre fauve au fond des yeux
A. Pieyre de Mandiargues, Fleur du Japon





Ce soir j’ai cédé
Au plaisir suffoqué
De la pâte brune
Solide comme l’agrume

Cette nuit j’ai froissé
Tant de fois ma langue
Pour mieux y céder
En fondre la gangue

Que demain j’écrirai
Les mots de ma faim
De mes yeux blanchirai
Les vestiges d’airain

Et plus tard je saurai
Peut-être nommer
La saveur brune

De cette brume
Des lèvres articuler
Son souverain délai

16-27 iii 2008

mardi 20 octobre 2009

vendredi 16 octobre 2009

dimanche 11 octobre 2009

concaténation

Mélancolie ou nostalgie, je n’arrive pas à finir des travaux d’écriture. Et voilà que j'explore l’envers de ma mémoire blogienne, tous ces billets, toutes ces bribes ébauchés, tous ces brouillons commencés, parfois oubliés, lassés par la ductile chair du temps.



vie en morceaux
doigts bleus
lèvres vitrifiées
[28 aout 2009]

*

Détaché
Allongé sous la pluie
Invisible des souvenirs

J’entends la musique
M’hérisser la peau
Submerger ma voix

Battre la morsure
A l'équerre
[26 aout 2009]

*

Je voudrais écrire
Comme un filet de sang
S’étale sur le sable gras

Mais le temps me boit avant.
[26 avril 2009]

*

Derrick L. Carter - While Corey Slept...
[5 février 2009]

*

L'encens de l'absence

[18 décembre 2008]

*

« On pourrait comparer la pensée à un lourd nuage qui déverse une pluie de mots » écrit Lev S. Vygotski dans Pensée et langage
[4 décembre 2008]


*


Je ne pensais pas annoncer avec le bleu précédent ce billet pour un hommage volontairement décalé aux Poilus de la Grande guerre, dont on ne cesse d'occulter les prosaïques raisons pour en exalter la grandeur d'âme de ses victimes « consentantes » nous affirme t-on doctement. La « Fleur au fusil » est encore et toujours présentée comme une évidence, qui aurait saisi le peuple, assoiffé de vengeance contre l'ennemi prussien. Il faut évidemment (re)lire les saisissants albums de Jacques Tardi Adieu Brindavoine et La fleur au fusil

[11 novembre 2008]

samedi 10 octobre 2009

Quand


Quand je tourne
Au coin de la bouche
J’entends à nouveau
La caresse

La chute des seins
Le creux qui vient
Nu comme l’épaule
Le pli de l’amende
La voix du sang

Perpendiculaire
Avide du souffle
Chaud des paupières
Dont bruit le fard
Je dévore ses lèvres

Quand je pose les mains
Tout autour de tes yeux
J’ai oublié

Debout, je rêve
Sous la pluie horizontale
De grands regards
Où je m’évade et me tais

8-10 x 2009

mardi 29 septembre 2009

La vie qui va avec

La poésie est pratique en ce moment. Elle s’enroule sur mes yeux, comme une écharpe qui se tord au vent. C’est une brume, qui m’exprime, me ravit et m’exalte. C'est un rivage dont j’ignore le sable, un goût dont j’ai perdu la trace. Quelque chose qui me manque, terriblement, comme un triangle sous la peau, un œil noir.


lundi 14 septembre 2009

Anneau

Je le tiens
En son centre
Évidé comme l'été

Il glisse
Se digitalise
Résiste
Et m'enserre

C'est un martyr
Fétiche d'argent
Un nœud vide

Qui m'occupe
Et me lie
Au temps

Celui qui creuse
La peau et la voix
Qui me fige et m'écarte

12 IX 2009

Kate Bush - A Coral Room


lundi 7 septembre 2009

mouvement

une certaine idée de l’infini

Faithless - Blissy's Groove

Nous sommes corps à corps nous sommes terre-à-terre
Nous naissons de partout nous sommes sans limite
P. Eluard, Notre mouvement


mercredi 2 septembre 2009

Dispersion

Fields of fire that passed the train
The sky is victorious but here comes the rain
Friday is taking me home again,
And I’ve nothing but you on my mind.

Faithless, Crazy English Summer


Le crépuscule est jaune
La terre a dissous
La lumière, rougeoie
Dans les hauts murs
Qui me suivent

Reste le vent
Le grand souffle
De mes nuages
Transparents

La nuit est grise
Et m’enveloppe
De son bruit

Elle me disperse
Me jette aux quatre
Roses du vent

Du marbre au sable
Je suis passé
Du sang à la sécheresse

À la petite éternité
D’une peau épuisée
Rongée par ses ombres


Jaune est la nuit,
Gris le crépuscule
Et court entre eux
Le sang vermeil
Et sinueux

31 viii-1 ix 2009

Faithless - Evergreen




lundi 31 août 2009

Eau

J'entends la mer
Dans une ville
Qui ne me connait pas

Je vois les vagues
Lentement submerger
L'iris froid

Je sens mes doigts
Rugueux, battre
La morsure d'un cœur

J'imagine l'abstrait
Mouvement d'un corps
Qui ondoie

Je goute le clapotis
Ductile d'une peau
Au grain qui m'echappe

J'hume le coquillage
Sable et sel
Des lèvres peintes

J'ouie le soleil
Qui se dilue
Sous mes pas

Dans la prune
Du crépuscule

30 VIII 2009

mercredi 26 août 2009

Divagation

Peter Gabriel - Mercy Street


Vie éparse

Doigts bleus

Lèvres vitreuses

Yeux noirs

Trop grands


Nantes, fin d’été

Triomphant

Chaleur blanche

Balayée, étendue

Par le vent



Fils de musique

Qui, doucement

S’étirent

Au plus lourd

Silence


Je sens

Le nœud

De l’attente

Étreindre

Mon regard


Quoique je sois

Banal, bien que

Le relief

Soie intérieure


De grandes vagues

Les plissements

Dune, lame



25-26 viii 2009


mardi 25 août 2009

Ce hideux tourment


« Nous ne nous tenons jamais au présent. Nous anticipons l’avenir comme trop lent à venir, comme pour hâter son cours ; ou nous rappelons le passé, pour l’arrêter comme trop prompt : si imprudents, que nous errons dans les temps qui ne sont pas nôtres, et ne pensons point au seul qui nous appartient ; et si vains, que nous songeons à ceux qui ne sont plus rien, et échappons sans réflexion le seul qui subsiste. C’est que le présent, d’ordinaire, nous blesse. Nous le cachons à notre vue, parce qu’il nous afflige ; et s’il nous est agréable, nous regrettons de le voir échapper. Nous tâchons de le soutenir par l’avenir, et pensons à disposer les choses qui ne sont pas en notre puissance, pour un temps où nous n’avons aucune assurance d’arriver. Que chacun examine ses pensées, il les trouvera toutes occupées au passé et à l’avenir. Nous ne pensons presque point au présent ; et si nous y pensons, ce n’est que pour en prendre la lumière pour disposer de l’avenir. Le présent n’est jamais notre fin : le passé et le présent sont nos moyens ; le seul avenir est notre fin. Ainsi, nous ne vivons jamais, mais nous espérons de vivre ; et nous disposant toujours à être heureux, il est inévitable que nous le soyons jamais. »

B. Pascal, Pensées, 172 (éd. Brunschwig)

Archive - Razed To The Ground

samedi 22 août 2009

vendredi 21 août 2009

vendredi 24 juillet 2009

Glisse

Archive - Day That You Go


La peau est lisse
Comme mon regard
Plisse les lèvres

La peau est mate
Sourde à la neige
Découpée en vasques
Par le tissu étroit

La peau est sans visage
Une lampe de sable
Qui s’égrène
À la lumière

Sombre et sucrée
Qui inonde mon palais
Ce lait amer
Un réglisse imaginaire

24 v 2009

mercredi 15 juillet 2009

A la longue

Je suis la corde
Qui m’enlace
Ventre et poignet

Je compte la brulure
Qui se traîne
Sur la peau de chair

Je sens le souffle
Du corps rauque
Qui s’incurve

J’entends la voix
Lointaine des beautés
Qui me lassent

Je ferme les doigts
Sur la laine rude
Qui me noie

25-26 mai 2008

vendredi 26 juin 2009

Notte


Et ils monnaient la pluie
Et nous faisons l’amour
Dominique A, Le commerce de l’eau




Deux doigts sur le fer
Les mêmes sur les lèvres

Puis vint la pluie
Qui me froisse

Et avant
La peau nue
Étendue sur le drap
Comme une nappe

Plus tard, le soupir,
Le sommeil et l’attente
Le triangle de l’eau

Les yeux blancs
Le sexe à la main

Toujours la lumière
Jaune, qui mord
Le sable, le sel

J’entends le son
La bouche, le cri
L’effroi

26 vi 2009

Vivaldi - Nulla in mundo pax sincera (RV 630)

Paume


Commissure
Qui me fend
Pli vestigial

Vaste soupir
Qui se dessine
Et se dissipe

Entre le cœur
Et la voix

Rêver
La paume
Au creux
Essentiel

Appliquer
Les doigts
Au bord
Du vide

Remplir
Les mains
Du poids
De l’avenir

Vivre
À l’arythmie
Des aiguilles
Qui tendent
Mes lèvres

Suspendu au nœud
De l’éternité
Des cendres
Suis la glace

24-29 vi 2009


Recoil - Allelujah

samedi 20 juin 2009

Grisé


Dans le ventre
De mon sommeil
Pèse soudain
Le pouls grisé
D’un astre mort
L’étrange lambeau
D’une terre sèche
Qui se désagrège
Comme une résine
Sucrée, irradie
La chaleur rouge
La chair qui scintille
Dans le fardeau,
Intérieur, le for
De mon sommeil


20-29 vi 2009

dimanche 14 juin 2009

Abstrait















Dominique A - Rouvrir


Où donc je suis
Absent ou pendu
Avec ce frisson
Un sang d’effroi

Je glisse dans les rues
Et compte le temps
Le dos de mon passé
Qui me sépare de lui

Ma vie est abstraite
Derrière une vitre
Retenu au temps
Qui m’écoule

Une faille qui me clôt
S’enroule sur les lèvres
Au silence et à l’envie
Une glace me brûle

Le regard et la peau
Alcaline qui se jette
Violente au néant


9-29 vi 2009

lundi 8 juin 2009

Sceau (1 & 2)

I

Tâche brune
Comme la prune
Tu es le grain
Le munificent raisin
L’âtre brun

Tu es le calme et l’essence
L’oubli vertigineux
Le repos et l’affable
Le galbe fastueux
L’angoisse palpable

Le sceau blême
De mon carême

28-31 III 2008


II


Qu’est-ce que cette chose affamée, au-delà même du désir ?
A. Ernaux, Se perdre




C’est une pomme ou une poire
Une fraction d’éternité
Qui fond sans se perdre
Dans la paume de ma faim

C’est le galbe mûr et blanc
Un étang plein de passion
L’ivraie de mon sépulcre
Le fruit gorgé d’ivresse

C’est la volupté carnée
La chaleur de l’effroi
L’étourdissante étrave
De mon tumescent regard

3-4 IV 2008


New Order - Elegia

dimanche 17 mai 2009

disorder

Così mi bruci, è inutile – pensando – essere altrimenti,
imporre limiti al disordine

P. P. Pasolini







Je me brûle ainsi, il est inutile – si l’on y pense – d’être autrement, d’imposer des limites au désordre

Épuisement

Je me suis tu
Au milieu du silence
Puisque désormais
Où s’enfuit le néant
J’attends et je mens

Je suis nu
Me démets et m’étends
De mon impuissance
En rectangle, en rond
En carré et en triangle

Je cherche dans la nuit
Du sommeil le sépulcre
La dissolution du temps
La fin du carême


16-18 v 2009


Joy Division - Komakino

dimanche 3 mai 2009

Deuil (Silence, XII)




















Le temps, le temps
A pu faire d’une flamme
Une pierre qui dort debout
Guillevic, Terraqué


Tu dois disparaître
Quitter cette grève
Où tu t’assèches

Tu dois t’endeuiller
Un sucre dans le silence
D’un corps gisant

Tu dois écorcer
De la sphinge
La peau blafarde

Tu dois évider
Le sang de la peau
Jusqu’à la mutité

Car tu es l’église
Invisible, la craie
Qui assèche mon vin

Monde, œil
Orbite de l’astre
Vivant

2-3 v 2009


The Divine Comedy - Eye Of The Needle



jeudi 30 avril 2009

lundi 20 avril 2009

Violence

And when we kiss we speak as one
With a single breath this world is gone
New Order, Everyone everywhere




Ne me reste plus
Que le poing
L’entaille

Car j’ai perdu le voile
Le souffle et l’éclat
De la voix qui s’ébat

19 iv 2009

dimanche 19 avril 2009

Monade

Tu es du sexe des formes rêvées, du sexe nul des formes imprécises
F. Pessoa, Le livre de l’intranquillité de Bernardo Soares

L’hiver de la peau
Sur les doigts
Me fissure

C’est une monade
Sans portes, ni fenêtres
L’anneau de ma disparition

Elle ne saigne pas
Sa voix est inodore
Ses yeux incolores

Elle gît à côté de moi
Comme un bois
Dont le vivant m’échappe

Un corps odieux
Une fuite sans issue
Sans sommeil ni saveur

Elle contracte
La promesse
Mon désespoir

19 iv 2009

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The Hope Blister - Dagger