Peut-être que je change. Je n'arrive plus trop à écrire ni à parler, tellement j'ai l'impression de ressasser. Ce ne doit pas être une impression, juste sentir qu'on arrive à la moelle et qu'après, c'est le néant. « Ce dont on ne peut parler, il faut le taire » concluait le Tractatus de Wittgenstein. Bref, je n'y arrive plus et je commence à me suffoquer comme je/j'ai suffoque/é les autres. C'est fini mais je n'arrive pas à partir, parce que je ne sais pas pourquoi c'est fini. Quand il n'y a plus de sens, un début et pas de fin, il vaut mieux la poser. Mais le point final, quand il faut le poser, je défaille, j'hésite. Cela m'embête la ténuité de ce qui me retient à la vie, cet espèce de fil qui m'empêche de trouver le repos, la fin de l'inquiétude, du mouvement, de l'angoisse, ce fil dont je n'arrive pas à faire un garrot, définitif. A l'usure, j'y arriverai peut-être. C'est la fable du loup, quand cela arrive, personne n'y croit et c'est trop tard.